Appareils auditifs DSP (son numérisé)

A. Contexte historique :

1998 Smart, 1997 Premiere Prius
2008 : 56 millions d’abonnés au GSM

B. Principe :

Analogique :
Rappelons-nous, le principe du grammophone : Le transducteur sensible aux pressions acoustiques va déplacer une pointe pour inscrire dans le relief de la cire un relief proportionnel à l'onde acoustique. Ce relief, ensuite lu par une pointe, va déplacer dans l'autre sens un transducteur qui va recréer l'onde acoustique de départ.
Si on passe à l'électronique un peu plus récente, on ajoute un amplificateur qui permet de "modifier" l'onde électrique. Le reste du principe est le même. La pointe est un cristal piezzo-électrique sur lequel une pression (entre le bras du tourne disque et le fond du sillon) crée une tension électrique. La variation de pression acoustique est représentée par une variation de pression physique qui est transformée en variation de pression électrique pour être amplifiée (et/ou modifiée) puis restituée à travers le haut-parleur en pression acoustique. Toutes ces étapes utilisent des signaux alternatifs proportionnels les uns aux autres d'où l'utilisation du terme "analogique". L'inconvénient est qu'à chaque passage d'un signal à l'autre et à chaque stockage de l'information on prend le risque (important) de modifier donc de dénaturer le signal.

Le signal électrique qui traversait un appareil auditif était jusqu'alors proportionnel au signal acoustique qui y entrait ou en sortait.
L'action des réglages de l'appareil consistant, en modifiant les "proportions" électriques, à modifier les "proportions" du son sortant.
Les réglages sur un appareil auditif se faisaient par vis (potentiomètre) puis par programmation informatique.
La mémoire de l'appareil permettant de stocker les paramètres qui étaient appliqués à des filtres analogiques, on a alors pu parler de programmation numérique.

Lorsque le Compact Disc arrive sur le marché, son but -entre autres- est de permettre une excellente restitution sonore sans risque d'usure du support.
Au lieu de stocker l'information de façon analogique on va la coder de manière beaucoup plus sûre : le code utilisé est binaire 0 ou 1 (bit). La quantité d'information est alors considérable puisqu'il faut sur un CD environ 5 milliards de bits pour représenter une heure de musique. Mais l'avantage est de ne pouvoir être lu que de deux façons (o ou 1) ce qui évite de nombreuses modifications. Alors qu'un sillon profond de 50% pouvait être changé en un creux de 75%, il n'y a pas sur le CD de 0.5 ou de 0.75. on obéit ici à la loi du tout ou rien : 0 ou 1; 0% ou 100%, vide ou présent...
Pour pouvoir continuer à utiliser nos chaines Hi-Fi et circuits amplificateurs traditionnels, le signal numérique est converti en un signal électrique, modifié avant d'atteindre les haut-parleurs.

Dans un appareil auditif numérique, on va utiliser la propriété numérique du signal pour le modifier plus tard, c'est à dire juste avant de l'amplifier. Ainsi le son sous sa forme numérique va pouvoir être analysé et modifié par des calculs mathématiques AVANT d'être transformé et restitué électriquement au haut-parleur.

plus que la qualité de la chaîne sonore, ce sont les possibilités de traitement qui vont être considérablement étendues par les amplificateurs numériques. Cette analyse et ces possibilités de traitement s'appellent des algorithmes et dépendent de la vitesse de calcul du processeur qui se trouve dans l'appareil auditif.

Dans un premier temps, l'audioprothésiste a vu ses réglages devenir plus précis par la présence de plusieurs bandes de fréquences (gain sur quelques fréquences sans modifier le reste) et de plusieurs canaux de compression (rapport sons forts/sons faibles).
Pour le malentendant cela s'est traduit immédiatement par un très grand confort d'écoute : disparition des sons très forts et amélioration de l'audibilité des sons faibles, suppression des pics de résonance de la courbe de réponse.
Aujourd'hui les possibilités de calculs sont telles que les fabricants nous vantent des analyses de la parole et du bruit. Il faudrait en réalité plus parler de l'analyse de la présence de bruit ou de parole. Toujours est-il qu'en fonction de leur analyse les appareils décident eux-mêmes des corrections à apporter à l'amplification.

Généralisation de la compression WDRC (sons faibles bcp amplifiés, sons forts atténués)
Les compressions sont devenues multibandes ainsi que la directivité des microphones.
A l’heure actuelle la puissance de calcul des DSP permet de créer des algorithmes qui essayent de faire ressortir la parole du bruit en jouant sur les phénomènes de masquages et la directionnalité des sources.
Des systèmes d’atténuation du larsen sont développés.
Des réducteurs de bruit de vent, des reconnaissances d’environnements et enfin des mouchards sont développés pour améliorer le confort et la rapidité d’accoutumance.

C. Commercialisation

Le marketing bat son plein... la mode est à l’anglais, la concentration des fournisseurs s'accélère (rachats, fusions, disparition).

La concurrence entre les fabricants les incite à créer sans cesse de la nouveauté pour conquérir des parts de marché. Parfois la nouveauté est plus importante dan s la communication que dans la technique elle même...

Au début du numérique, un appareil chasse l'autre en le rendant caduque. Le fabricant en baisse alors le prix ce qui crée une gamme (l'ancien devient bas de gamme).

Depuis quelques années, la course à l’innovation fait que la durée de vie commerciale des appareils ne cesse de diminuer.

Les gammes sont créés dès le départ par des fabricants qui vendent le meme produit en trois versions dont deux sont bridées et moins chères.

Malgré la diminution du nombre de fabricants, le nombre de marques stagne, chaque groupe possédant plusieurs marques avec des produits proches, la marque "pilote" conservant le plus haut de gamme, la "sous-marque" ayant un meilleur rapport qualité/prix.

Les premiers appareils numériques seront commercialisés fin 1996 par Widex en intra-auriculaire et Oticon en contour d'oreille. Pendant environ deux ans ces deux marques déclineront leur gamme sans autre concurrent dans cette technologie.

Rappelons-nous juste qu'à cette époque les téléphones numériques DECT n'existent pas et les baladeurs mp3 encore moins !
Comme toujours dans son histoire, l'appareil auditif est une technologie de pointe.

Petite chronologie :
(la date concerne le premier appareil du fabricant)
1996  Widex Senso C8 puis C9/C18/C19 puis C8+, C9+ etc..
1996  Oticon Digifocus puis Digifocus II
199?  Siemens Prisma
199?  Philips avec un lecteur d'algorithme sur carte à puce
200?  Phonak Claro puis Perseo
200?  Intrason Digison puis Digitalis
200?  Danavox 163D, puis GN Canta

La communication ... bluetooth...

D. Adaptation :

Le même appareil peut etre programmé de tellement de façons que cela permet de n'avoir qu'un seul appareil adaptable à tous types de surdités (hormis la puissance).
 

La mesure "in vivo" apparait et remplace le "préréglage" sur chaine de mesure. Les logiciels de programmation s'améliorent également et sont de plus en plus proches des cibles (certains audioprothésistes s'en contentent d'ailleurs).

Alors que  la courbe de réponse est de plus en plus facile à atteindre, l’adaptation devient plus facile d'un point de vue audiologique pure.
En revanche l’audioprothésiste a un rôle accru de conseil dans le choix de l’appareil selon le mode de vie, dans la mise en place d’options, dans les explications liées aux accessoires...
L’accompagnement et l’éducation sont plus que jamais essentiels face à une technologie et une publicité source d’espoirs immenses et risque de déception non moins importante.